dimanche 5 décembre 2010

Et un an plus tard,ça continue ici à Québec.

Vous avez aimé consulter ou participer à ce blogue alors plonger dans plus vaste encore, suivez dans quoi sont engagés nos voyageurs et leurs amis membres ou partenaires sociaux de Développement et Paix dans le diocèse de Québec et ailleurs à l'occasion de la campagne sur l'eau de notre organisme et mouvement en 2010-2011.

L'eau trouve son chemin dès qu'on la libère....

jeudi 20 mai 2010

Rapport du groupe à notre assemblée générale annuelle diocésaine

La mission en Bolivie.


L’objectif de notre voyage était de mieux connaître nos partenaires pour mieux les faire connaître par la suite

En 15 minutes, je ne vous passerai pas le diaporama qui a été monté par le groupe et auquel j’ai moins participé. Je l’ai présenté trois fois dont deux fois avec Lise Gauvreau et j’ai participé à une autre présentation à Cap Rouge avec une bonne partie des collègues en faisant à chaque fois des coupures tellement il est riche et abondant. Je félicite et remercie ceux qui ont participé plus que moi à ce merveilleux montage.

Je ne ferai pas non plus les éphémérides des différentes péripéties de ce voyage.

Je choisirais plutôt de tenter d’exprimer l’expérience humaine et spirituelle d’une découverte de l’autre dans ce qu’il a de plus différent mais aussi dans ce qu’il a de plus semblable. Une expérience riche en humanité qu’on ne peut faire autrement que de souhaiter à bien d’autres. Le mot pèlerinage me monte aux lèvres.

Je choisis donc de passer par la voie de mon vécu en sachant bien, de par la connaissance que j’ai de mes collègues, que, sans avoir la prétention de les représenter tout à fait, ils et elles se retrouveront dans l’une ou l’autre de ces expressions.

Je ne voulais absolument pas aller là comme un riche du nord qui allait rencontrer des pauvres du sud, un évolué devant des sous développés… Un donneur en face des receveurs. Je m’interdisais toute supériorité et cela au nom même de la plus grande vérité. Je n’avais pas à feindre d’être pauvre. Je voulais tout simplement prendre contact avec ma véritable pauvreté pour mieux partager avec d’autres pauvres, prendre contact avec les véritables richesses de ces gens pour partager réciproquement entre nous nos richesses. Il m’a été donné de constater nos différences culturelles en sachant qu’au plus profond de notre être nous sommes tous égaux dans ce qu’on a de plus humain.

Nos partenaires sont des organismes voués au développement humain sous différents aspects qu’on n’a pas le temps de préciser ici. Ils sont animés par des gens fiers mais non orgueilleux. Ils ne se comparent à personne d’autre mais conscients de leur héritage culturel, autant les autochtones qui sont en majorité, que les fils et filles de la colonie espagnole. L’avènement de la prise du pouvoir par le MAS avec l’autochtone Evo Morales en tête a créé en Bolivie une chimie magique formidable, celle du paralysé qui ramasse son grabat et se met en marche debout, la tête haute. Rien ne semble désormais l’arrêter. Je risquerais une comparaison un peu boiteuse avec l’effervescence au Québec en pleine révolution tranquille des années 60 qu’on cherche aujourd’hui à minimiser. C’est en fier fils de cette révolution que j’ai saisi la Bolivie de 2010. Je ne suis pas un nostalgique. C’est en avant que je regarde et qui sait si la Bolivie n’a pas quelque chose à nous apprendre dans notre vivre ensemble collectivement.

Je crois que nous avons besoin de connaître nos partenaires Boliviens et eux nous ont manifesté leur besoin de nous connaitre. Nous avons connu la fraternité humaine sans frontière de pays ni de langues ni de culture mais où les différences sont source d’enrichissement. Pour cette raison, il ne faut ni les niveler ni souhaiter leur anéantissement. C’est l’expérience de vivre dans un seul grand corps tel que défini par saint Paul comme ayant des membres différents les uns des autres mais ayant besoin de ces différences pour former une unité. L’œil ne peut dire au bras « Je n’ai pas besoin de toi » l’estomac doit être différent du poumon pour permettre la vie. Il n’est pas souhaitable à la main de vouloir que le pied soit comme elle.


Que dire maintenant de notre équipe de collègues?

Nous avons eu un vécu de 22 jours d’une grande intensité mais aussi plus d’un an de préparation. Je substituerais au mot « équipe », l’autre plus expressif de « fraternité ». Comme les premières communautés chrétiennes décrites par Luc dans les actes des Apôtres, nous avons tout partagé : Il n’y avait pas de riches ni d’indigents parmi nous. Nous avons partagé nos sous, notre pain, nos pensées, nos opinions, nos rêves, nos prières, nos célébrations, nos mysticas… Enfin tout. Un vrai microcosme d’une société idéale que certains seraient porté à qualifier d’utopique mais qui a une saveur du Royaume.

On nous avait préparé au pire : « Ne vous attendez pas, disait-on, à passer 22 jours dans la plus grande harmonie sans heurt ni soubresaut ». La veille du retour, on se demandait ce qu’il faudrait organiser pour que tout cela se réalise.

Bien sûr, il fallait se parler, faire des mises au point se donner des repères et des balises…

Avec une équipe comme celle là, on pourrait aller encore très loin.


Que dire de plus qu’exprimer le souhait que d’autres vivent une expérience aussi enrichissante et, pourquoi pas, encore plus si c’est possible.


Mission Bolivie, accomplie!


Michel Laberge.



vendredi 7 mai 2010

Sucre, les jeunes et las lecciones de la historia.



Développement et Paix n'a pas de partenaire installé à Sucre. Nous ne pouvions manquer de nous rendre dans cette ville historique. Et il y a quelques bonnes raisons. En 2008, la ville de Québec fêtait ses 400 ans. C'est 60 ans après Potosi et La Paz par exemple.
Comme Québec, Sucre fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco. Les deux villes ont quelques autres liens. Ainsi le Consorcio Boliviano de Jovenes basé à Sucre a organisé un concours national de sculpture afin de produire une oeuvre et l'offrir en cadeau à la jeunesse québecoise à l'occasion du 400ième.

Québec compte aussi parmi ses citoyens monsieur Jaime Siles Otazo, consul honoraire de la Bolivie chez-nous. Sa présence est significative dans les liens actuels et potentiels entre Québec et la Bolivie, peut-être Sucre en particulier. (Sur la photo on reconnaît 4 des stagiaires en compagnie d'un ex-sénateur bolivien de passage à Québec en février dernier).

De plus, la ville de Québec possède un parc dédié à l'Amérique latine et la Bolivie y a un emplacement prêt à recevoir un monument. L'oeuvre gagnante qui y sera installée à l'été 2010 représente Juana Azurduy de Padilla, une femme héroïque qui a marqué la naissance de la république de Bolivie au début du XIXe siècle. Ce sera une première femme dans ce parc jusqu'à maintenant monopolisé par des héros masculins.

Métisse, épouse et mère imprégnée des idéaux du siècle des lumières, elle n'a pas craint de prendre les armes pour conquérir une liberté politique jugée nécessaire pour établir une société plus juste. Elle appuyait le rêve républicain de Simon Bolivar. Récemment, l'Argentine l'a honorée du titre de générale de ses armées. En effet, à l'époque l'Argentine faisait partie de la même colonie d'où la mère patrie tirait ses lingots d'argent...

Pourtant, Juana a perdu la grande majorité de ses batailles. Une bataille a fait basculé l'histoire à l'avantage des républicains, celle de Potosi et ce fut la grande victoire décisive de Juana. Simon Bolivar l'a reconnu.

Ce cas de l'histoire éclaire notre aujourd'hui. En effet, la clé de la victoire à Potosi fut le contrôle des lagunes assurant l'approvisionnement en eau potable des cent cinquante mille habitants...C'est ce qu'avait compris Juana Azurduy et elle a réalisé cette prise de contrôle de l'eau obligeant la garnison du Royaume d'Espagne à se rendre et plier bagages.

Déjà condition féminine et eau étaient liés pour l'avenir. Ça prenait une femme pour comprendre l'importance de l'eau pour la vie.

?Que llevara Juana Azurduy de Padilla a Québec? Por cierto no una leccion de estrategia de guerra. El messaje es que mujeres y agua otorgan la vida y la libertad a vivir para todos y todas.
Mejorar a la situacion de la Mujer en Sudamerica, y tambien en Bolivia, es la llave del futuro. El enlace con el agua es fundamental. La tradicion Quechua y Aymara dice que el hombre se queda a distancia de la vida como el sol. Sin embargo, su presencia es necessaria para vivir. Por otro lado, la mujer lleva el agua en su propio cuerpo cuando se encuentra embarassada...por exemplo.

Los cambios climaticos y la crisis del aproveciamiento en agua potable a muchas poblaciones en el mundo es una realidad de cada nuevo dia. Bolivia elige en su nueva constitucion politica del estado de 2009 que el agua es un derecho humano. ( No puedo vivir sin agua y tu ). La vida no tiene precio y no puede se vender, el agua al igual. Pero, esta batalla las mujeres del Sur no podran la ganar solas. Nosotros, varones, debemos comprender...

samedi 10 avril 2010

Coût du voyage et empreinte écologique....et jour de la Terre


Justice sociale et justice environnementale
Un tel projet d'immersion m'a amené si loin, entraînant une grande dépense en énergies fossiles (à nous 8, nous rendre en Bolivie pour trois semaines a représenté 15 fois ce que la terre peut recycler de CO2 en une année pour une personne afin de contrebalancer l'effet de serre accentué qui provoque actuellement des changements climatiques accélérés)...C'était ma plus grande réticence à participer. Je ne doutais pas des retombées bénéfiques sur le plan du développement humain, mais aujourd'hui écologie humaine et écologie de la nature sont une seule et même réalité conceptuelle et l'économie (le monde abstrait des nombres) n'est qu'un percolat important mais secondaire. Comment compenser pour ce voyage afin que la planète n'en subisse pas le contre-coup?

Depuis le protocole de Kyoto, il est possible de calculer rapidement et assez précisément notre empreinte écologique, en particulier en regard de nos déplacements, sources humaines importantes de production de gaz à effet de serre sur lesquelles nos comportements personnels peuvent avoir un très grand impact. Souvenons-nous de la campagne de réduction canadienne qui visait une tonne par an par personne...la crise financière a relégué cette amorce concertée et populaire d'action au second si ce n'est au dernier rang des préoccupations des gouvernements et des gens en général!

Évidemment, les premiers pas de la "bourse des unités carbone" ont mis en lumière bien des faiblesses et défaillances dans les projets de développement durable (généralement dans les pays pauvres du sud très désavantagés économiquement par la valeur relative de leurs monnaies). Les processus de validations et de suivis se raffinent et s'améliorent afin de mieux mesurer la valeur de l'impact réel des sommes investies. Les ONGs et les projets qu'elles supportent ont un rôle clé dans ce processus de recherche de "justice énergétique et écologique planétaire". Le calcul de l'empreinte écologique de notre voyage nous donne la somme d'environ 28,000kgs de CO2, pour l'essentiel dû aux déplacements en avion de quelques 15,000kms (les calculateurs disponibles sur le web arrivent tous à des résultats du même ordre). En Bolivie même nous avons bénéficié d'un niveau de vie beaucoup plus sobre qu'ici au Québec, étant hors des circuits touristiques haut de gamme.

Se mobiliser...pas seulement en voyageant
L'idée de Kyoto est de développer des moyens de réduire nos empreintes et même de compenser pour nos excès sans attendre par l'achat de crédits carbone dont les fonds sont réinvestis dans le développement durable. Le choix d'un courtier ou même d'un projet peut être fastidieux et incertain. Simplicité. Les 8 participant/e/s sont membres d'une ONG, Développement et Paix, qui a des partenaires en Bolivie et 5 d'entre eux sont nos hôtes pour ce projet d'immersion. Leur mission s'inscrit dans une vision du développement humain et communautaire qui prend en compte de plus en plus systématiquement les questions de justice environnementale et de gestion durable des ressources naturelles. Intégrité morale et intégralité du Vivir Bien, justice sociale et écologie, gestion publique et gestion des ressources naturelles sont un seul et même projet humain, social, écologique. La Pachamama est notre premier partenaire de vie...

Au delà des apparences
Évidemment, D&P n'a pas les certifications internationales reconnues quant à l'impact des projets qu'elle appuie sur la réduction des gaz à effet de serre! Au départ, il semble plus facile de mesurer l'impact d'un projet technique valorisant l'hydroélectricité ou l'énergie solaire.

Cependant, nous savons déjà que le renforcement de la société civile via l'éducation populaire est le point de départ pour faire surgir à la base des solutions alternatives efficaces et bien intégrées à chaque milieu. Nos petits cadeaux en guise de remerciements à nos hôtes sont le gage de notre confiance dans les actions menées par eux en Bolivie. Nous ne pouvons les chiffrer, non plus que l'efficacité à court terme de la compensation que le groupe effectue ainsi, mais à l'évidence ce voyage a montré comment la Bolive est confrontée au défi de nouer des relations nouvelles et équitables entre sociétés humaines et Terre Mère localement et globalement et comment de petites ongs peuvent contribuer à façonner un avenir réellement meilleur à partir des gens, souvent les plus pauvres.

Le président Morales a convoqué le monde à donner suite à Copenhague arguant que tout échec d'accord n'est pas une option pour la Bolivie. Il y a urgence en la demeure. Cochabamba accueillera autour de 50,000 personnes (10,000 visiteurs) à partir du 18 avril 2010, dont quelques chefs d'état. Les pauvres prennent le leadership alors que les parvenus du Nord refusent obstinément de considérer les dangers imminents du champ d'icebergs dans lequel notre Titanic socio-politico-économique a pénétré. Penserions-nous qu'ils auront tous fondu avant la collision....? L'immersion nous a confirmé que l'essentiel est sous la surface.....très beau mais parfois effrayant, nécessitant une adaptation pas du tout évidente.

Mieux encore. La société civile bolivienne est déjà en mobilisation et nos partenaires y sont impliqués. Juste avant ce sommet officiel en avril 2010, Cochabamba abritera la IIIe Feria Internacional del Agua soulignant en particulier le 10ième anniversaire de la Guerra del Agua.
Beau préambule venu de la base.

Maintenant que le groupe est revenu, que signifiera le terme "mobilisation" ici chez-nous pour lui et son réseau social, pour la vie quotidienne de chacun des membres, pour l'appartenance à Développent et Paix comme mouvement de solidarité et de coopération internationale?

BON JOUR DE LA TERRE... 22 avril 2010

lundi 29 mars 2010

30 mars, journée des travailleuses de maison salariées




En ce 30 mars, je prends un moment pour me rappeler les bons souvenirs de ces femmes. Pas seulement de celles que nous avons rencontrées au minuscule et très propre siège social de la Fenatrahob à La Paz, mais aussi de celles que nous croisions dans nos lieux d'hébergements. Celles-là travaillaient dans un cadre moins isolé, l'hôtellerie. Il y a cependant le cas bien particulier de l'auberge du Sanctuaire de la Virgen de Socavon à Oruro. Nous avons eu le bonheur partager un peu du quotidien de Maria Louisa, travailleuse de maison engagée pour s'occuper de nous. Arturo, le fils de 9 ans en vacances d'été, compléta merveilleusement cette maisonnée. Je ne crois pas que le groupe était conscient que Maria Louisa se considérait d'abord comme une servante. Nous n'avons même pas pensé à lui demander si elle connaissait la Fenatrahob! Ou si elle en était membre? De toute façon, aujourd'hui c'est un peu sa fête. En faisant à cette soeur en humanité nos adieux pleins d'émotions, pas facile de faire un cadeau sans condescendance....Mais le peuple Bolivien, comme la majorité des latino-américains est très sensible à ce qui est écrit dans la Bible. Alors quoi de plus simple que de rappeler que "El obrero (y la obrera) merece su salarario". Et elle a pris le petit présent avec un grand sourire. Et pour finir, ajoutons que la Fenatrahob a enménagé dans ses nouveaux locaux à La Paz comme nous l'apprend leur site internet qui en a profité pour faire peau neuve lui aussi... http://www.fenatrahob.org

dimanche 14 mars 2010

Bio d'Evo

Juan Evo Morales Ayma est un leader syndical et homme politique de Bolivie, leader du Mouvement vers le socialisme (MAS). Né le 26 octobre 1959 dans l'Altiplano bolivien dans une famille aymara à Orinoca, une ville de mineurs du département d'Oruro en Bolivie, il a remporté l’élection présidentielle des 18 décembre 2005 (avec plus de 53% des voix). Entré en fonction le 22 janvier 2006, il est considéré comme étant le premier président bolivien d'origine amérindienne [2], la plupart de ses prédécesseurs ayant été soit Blanc, soit métis.

samedi 27 février 2010

Tinkuna Kama

"À la prochaine rencontre". C'est l'expression qui termine le petit message écrit par la hermana Maria Teresa Peral, coordonatrice du CAEP. Remarquons dans cette expression le terme tinku. Les premiers éléments suite à une petite visite sur Google semblent insister sur la notion de combat rituel potentiellement mortel. C'est la part spectaculaire, la réduction de la culture au sensationnalisme....

Les humains ont malheureusement beaucoup de difficulté à s'affirmer haut et fort autrement que dans la violence. Les peuples andins ne font pas exception. Pourtant notre hôte et amie de Huanuni utilise le terme tinku dans un message plein d'affection et d'égards.

Tinkuna Kama, cela veut aussi dire continuer à plonger et nager à la rencontre de l'autre pour connaître ce qu'il a dans les tripes, son identité fondamentale. Tinku, c'est la rencontre en profondeur qui exige beaucoup d'énergie comme un combat, un duel. C'est la quête de l'équilibre et de la justice dans une sorte de confrontation créatrice qui veut faire jaillir la vérité aux yeux de tous. Mais qu'est-ce que signifie faire éclater la fraternité universelle? Il faut oublier les bombes et penser à la puissance tranquille, belle et silencieuse d'un arbre en fleur au printemps...

À La Paz avec nos amies et amis des groupes du Ceprosi, notre petite soirée inter-culturelle d'adieu s'est terminée par des danses. (J'aimerais bien voir sur ce blog un lien avec la courte vidéo prise à ce moment) La dernière fut un Tinku bien vigoureux et sympathique...qui a réjouit tout le monde. Transformer le monde par la paix et le développement durable exige beaucoup d'énergie. Nos instincts primaires nous font trop souvent opter pour la guerre et la loi du plus fort. La grande majorité des Boliviennes et Boliviens découvrent actuellement que les humains peuvent faire autrement sans renier leurs traditions. Défi immense pour un pays qui a le championnat des coups d'état (52 depuis 1825) rappelons-le et qui réussit à s'en passer depuis près de 30 ans. Et défi immense pour nous tous. J'ai l'impression d'avoir encore à faire une longue méditation sur le sens de l'immersion inter-culturelle, de la rencontre de l'Autre, du Tinku...que peut bien vouloir signifier "se battre pour la paix et la justice" ? Qu'est-ce que la paix? Ce blog devra ainsi se poursuivre. Tinkuna kama!

Ah oui, la lettre de Soeur Teresa: (elle s'adresse aussi à vous qui lisez...)

Estimados amigos,

Les agradecemos de corazon su visita fraterna a Huanuni. Nos da una gran esperanza que existe gente solidaria que en otras parte del mundo comparte la vida de nuestro pueblo.

Asi es que ni ustedes ni nosotros estamos solos, juntos trabajamos para que siga creciendo la vida, la vida plena para todos.

Muchas gracias por todo. Lo mejor que ustedes nos entregan es su persona y las frutos de su accion son la esperanza y el amor con que la gente sigue adelante.

Nuestros oraciones por cada uno y como dicen en Bolivia ! Tinkuna Kama! (hasta el encuentro).
Con mucho carino
Hna Maria Teresa peral R.
C.A.E.P. Huanuni

mardi 9 février 2010


Rencontre d’amis de Oscar Oliveira.
Potosi
22 et 23 janvier 2010

Après notre séjour à Sucre où la température fut aussi belle et agréable que les gens que nous avons rencontrés, nous revoici à plus de 4000 mètres dans la fraîcheur de Potosi, ville minière emblématique de la Bolivie. Si les Espagnols n’ont pas trouvé autant d’or qu’ils l’escomptaient en conquérant l’Amérique du Sud, le gisement d’argent exceptionnel de Potosi les a vite consolés! Après près de 500 ans d’exploitation, la montagne donne encore...au risque de s’effondrer d’ici une ou deux décennies. Quelques-uns se sont enrichis, mais encore aujourd’hui la grande majorité de la population vit simplement et pauvrement. Le Cerro Rico domine la ville avec ses 5000 mètres. Au petit matin, la montagne est complètement givrée. En cette nuit claire de l’été austral bolivien le mercure est descendu sous les -10 C là-haut. Comme Sucre, la vieille ville fait partie de la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous avons arpenté plusieurs de ses vieilles rues étroites. Le décor est remarquable par son architecture baroque-métisse-rococo. La forte présence autochtone est palpable partout.

Au départ, il était prévu que le groupe passerait brièvement à Potosi et qu’après un séjour de 2 jours à Sucre, une partie du groupe se rendrait au fameux Salar de Uyuni alors que les autres profiteraient d’une pause à Oruro avant d’entamer la dernière étape du stage. Les problèmes intestinaux des uns et d’adaptation à l’altitude des autres nous ont obligés à faire des choix et des changements. Ceci nous a permis d’expérimenter la qualité et la profondeur du réseau social de Développement et Paix et ses partenaires.

Oscar Oliviera, notre contact de la FTTFC à Cochabamba, nous a mis en relation avec son ami William R. Cervantes Beltran, gérant général de l’entreprise publique de gestion de l’eau à Potosi, la AAPOS. Ce dernier et des membres du personnel nous ont consacré leur congé du samedi 23 pour nous dresser un portrait très intéressant des enjeux de la gestion de l’eau potable et du potentiel d’avenir de la ville. Nos hôtes ont d’abord présenter le modèle original de gestion de l’entreprse AAPOS qui intègre tous les secteurs de l’administration publique et de la société civile. Ensuite, ils nous ont amené encore plus haut en altitude à la lagune principale, la laguna Chalviri. qui sert aujourd’hui pour l’approvisionnement en eau potable après avoir longtemps servi au traitement du minerai extrait. Beau retournement de l’histoire puisque ce réservoir artificiel est un héritage de l’époque coloniale et fut construit par des indigènes réduits à l’esclavage. Il est situé à plus de 4700 mètres aux alentours du Cerro Rico. Aujourd’hui, la ville de Potosi peut compter sur 8 de ces lagunes pour assurer son approvisionnement en eau potable d’excellente qualité (c’est le seul endroit où j’ai bu de l’eau du robinet en Bolivie, et ce à l’invitation de nos amis de la AAPOS). Plus de 98% de la population est desservie et ce, à un coût minimal basé sur la capacité réelle de payer des familles, commerces et industries.

Aux abords de la lagune et par un heureux hasard, nous avons croisé un groupe d’enfants venus en excursion avec la permission de la ville. Ils étaient accompagnés de parents et d’une animatrice bénévole. Le directeur de la AAPOS en a profité pour leur adresser brièvement la parole. Il leur a expliqué que l’eau est ce qu’il y a de plus précieux dans leur vie. Sans la lagune qui s’étend aux creux des montagnes, la ville de Potosi ne pourrait pas exister. Moment émouvant. À choisir entre la «montagne d’argent» qui a fait jadis la splendeur de Potosi et l’eau des lagunes, le directeur de la AAPOS répond sans la moindre hésitation: «Agua». L’eau potable vaut plus que tout l’or du monde! Ensuite, il leur a confié la responsabilité de cette eau pour le futur, les invitant à sensibiliser leurs pères et mères à sa valeur et à apprendre avec eux à l’utiliser consciencieusement. Il me vient à l’esprit la merveilleuse chanson de Gilles Vigneault «J’ai pour toi un lac»....quelque part au monde, un beau lac tout bleu comme un oeil ouvert sur la nuit profonde, un cristal frileux....

Au retour, un bon repas dans un restaurant-musée. Nous mangeons dans un bâtiment rempli d’histoire, un des plus anciens moulins de traitement primaire du minerai d’argent. Jadis l’eau de la lagune aboutissait ici. Un petit tour de ville et une visite de La Casa de la Moneda, où à l’époque plusieurs monnaies d’Europe furent frappées, ont conclu cette journée. Oui, il y a encore des choses qui n’ont pas d’autre prix que la valeur quasi infinie d’une amitié. En Bolivie, c’est ce que j’ai trouvé a menudo.

vendredi 5 février 2010

HUANUNI : La mine et ses fronts, le CAEP et ses chantiers

Huanuni, ville minière, se trouve à 40 km au sud-est d’Oruro sur la route vers Sucre.

La plus grande mine d’étain de la Bolivie, propriété de l’État, y est exploitée à l’aide de machinerie de pointe et des méthodes modernes de travail. Les conditions de sécurité personnelle et environnementale sont soigneusement contrôlées par l’ingénieur en chef. Néanmoins, les quelques dizaines de tunnels creusés dans la montagne rendent constamment risquées les 8 heures de travail des 2 700 mineurs répartis en trois quarts de travail.

Les foreurs – une vingtaine - dépensent jusqu’à deux heures de temps dans chaque paroi, enveloppés par la sueur et les vingt cinq décibels émis par la perceuse, une fois réduits par les bouchons d'oreilles.

Les habitants de Huanuni chérissent leurs mineurs qui les font vivre.

Dans un chantier parallèle, au Centro de Apoyao a la Educación Popular (CAEP - Centre d'appui à l'éducation populaire) une cinquantaine de braves gens animés par Srs Maria Teresa, Cristina et Teresa, contribuent à forger l’âme des enfants, des mineurs, des femmes, des jeunes et des aînés de Huanuni.

Pour les enfants, une ludothèque vient renforcer leurs habilités en math, en langue et en danse. Pour les plus vieux, des ateliers de leadership et de valeurs. Les femmes y trouvent un espace de formation en couture, peinture, design et estime de soi. Les jeunes apprennent du théâtre et de la communication et se pratiquent par des séances de diffusion de nouvelles et d'événements sur la place publique. Les aînés se pratiquent en danse, en partage et en cours de quechua.



Le CAEP est à l’esprit des Huanuniens ce que la Mine en est à leurs corps, un moyen qui dépasse la subsistance pour devenir espoir et mode de vie.

José

FLORES RANCHO ET SON RÊVE D’ADOBE

La petite communauté de Flores Rancho est située à quelques 30 km à l’ouest de Cochabamba, sur la route vers Oruro.

Les quelques 1 500 habitants de la localité se sont donnés un Comité pour la gestion et la répartition juste de l’eau parmi les 300 foyers de la communauté.

Entre deux gorgées de "chicha" et une sorte de danse pour mélanger argile et paille, les hommes de Flores Rancho mettent à point la pâte pour la fabrication de briques d’adobe. Animés par la discrète Fondation Avril, leur rêve consiste à raviver les connaissances ancestrales de respect, d'utilisation et de cohabitation durable envers et avec la "Mère-eau".

L’adobe-Juste à côté d’un réservoir d’eau haut de 9 mètres, d’où l’eau est distribuée par le réseau local, nous apprécions un chantier exhibant un 45% d’avance d’une construction qui va abriter sous peu la PREMIÈRE ÉCOLE DE L’EAU en Amérique latine.

L’éveil- Plus qu’un espace physique – déjà admirablement bien conçu – ceux qui ont fait « le rêve de l’école » visent à créer un petit univers pour l’échange d’expériences nationales et internationales basées sur l’harmonie originaire entre la nature et l’homme, sur les nouvelles technologies alternatives en matière d’utilisation de l’eau, dans le but d’accéder à une utilisation communautaire durable et respectueuse de l’environnement.

Un premier fruit est sur le point de venir en maturité. Il s’agit de la PREMIÈRE RENCONTRE internationale sur "l’utilisation de l’eau et le changement climatique", programmée par la Fondation en avril cette année.

Longue Vie à cette École ingénieuse!

José

lundi 1 février 2010

Un premier album

On prend le temps de revenir, de décanter et peu à peu, les choses se mettent en place, incluant la routine. Alors, voici le premier album de notre voyage en Bolivie, la portion Québec - Santa Cruz de la Sierra. D'autres suivront, mais vous devrez patientez un peu...

dimanche 31 janvier 2010

FENATRAHOB : LE TRAVAIL DOMESTIQUE N'EST PAS DE L'ESCLAVAGE.

La lecture du texte de Lise me rappelle cette rencontre très instructive, mais surtout très émouvante avec ces femmes qui reviennent de loin.. Pascal-André nous a rappelé qu'à une époque pas si lointaine, certaines de nos mères, grands-mères ou tantes ont été elles aussi travailleuses domestiques dans de riches familles bourgeoises de Montréal et Québec, mais aussi ailleurs au Québec. Parfois, leur sort n'avait pas grand chose à envier à certaines de leurs soeurs boliviennes d'aujourd'hui.

Le Moyen-Âge au secours des esclavagistes modernes

Cependant, ce qui m'a frappé, au propre comme au figuré, c'est que certains grands bourgeois blancs de Bolivie justifient leurs comportements esclavagistes en interprétant faussement une bulle papale qui, selon eux, décrétait que les indigènes des « nouveaux mondes » n'avaient pas d'âme.

Quand Heberth a soulevé cet exemple, j'ai failli m'étouffer avec mon thé de coca (par ailleurs excellent). Héberlué, je lui ai demandé : « ¿Ahora? » (Au moment ou on se parle?) Et il m'a répondu par un oui triste.

C'est vraiment n'importe quoi et on voit clairement que les pires comportements peuvent être justifiés par des raisonnements parfaitement tordus et d'un autre âge.

Racisme, quand tu nous tiens...

La situation des membres du FENATRAHOB s'explique en partie par le fait qu'elles sont indigènes, soit Aymara, Guarani, Quechua ou autre. La plupart son analphabètes, viennent de petits villages souvent très éloignés de leur lieu de travail et, par définition, travaillent de façon isolée. Certaines demeurent chez leur patron (plus courant dans l'Est du pays – le département de Santa Cruz pas exemple) ou ont leur propre logement qu'elles rejoignent après des journées d'une quinzaine d'heures.

L'avenir

Actuellement, les membres du FENATRAHOB n'ont pas le droit de grève puisque la loi juge leurs services comme étant « essentiels ». Non mais, vous voyez l'ironie :les tabliers blancs constituent un rouage essentiel de l'économie, mais on touche à rien. D'ailleurs, Heberth soulignait, sourire en coin, qu'une grève d'une seule journée paralyserait le pays entier. La FENATRAHOB espère donc pouvoir corriger cette situation grâce à la nouvelle constitution adoptée depuis peu par le gouvernement d'Evo Morales.

Cependant, la priorité demeure l'éducation des membres et le recrutement. L'action de personnes comme Zenobia est cruciale. Comme le soulignait Lise, ses patrons se sont montrés très sensible à la cause de la Fédération et ont appuyés Zenobia dans son action syndicale. Elle est maintenant à temps plein à la Fédération. Le soutien d'organisations comme Développement et Paix est essentiel au maintien et la la croissance d'organisations comme la FENATRAHOB. Ce soutien doit être matériel, mais il doit surtout être moral et « vocal ». Ce qui fait souvent la force des ces organismes, c'est que nous leur procurons des yeux, des oreilles et une voix en dehors de leurs frontières. Ceci leur donne un poids et une légitimité difficile, voire impossible, à obtenir au sein de leur propre pays.

Richard

Des femmes de service inspirantes

Au terme d’une première journée, La Paz m’apparaît comme une ville étonnante, un mélange de colonialisme espagnol, de nationalisme, de traditions Incas, de cultures indigènes et de multiculturalisme. Une ville tout à fait fascinante et bien plus agréable que je ne l’imaginais. Toutefois, je ne l’ai pas vraiment visitée et j’aurais sans doute besoin de plusieurs jours pour le faire.

Un après-midi avec la FENATRAHOB
(Fédération nationale des travailleuses domestiques de Bolivie)

Dans une petite ruelle, derrière une porte anonyme cadenassée, nous avons été reçus par 4 personnes de la FENATRAHOB. La fédération nationale de travailleuses domestiques regroupe les syndicats de plusieurs villes de Bolivie. Il y avait là 3 travailleuses devenues intervenantes de l’organisme ainsi qu’Heberth, un éducateur qui donne de la formation aux membres.

Ce dernier nous a décrit l’association, son histoire, son fonctionnement, ses membres. La sensibilité qu’il manifeste à l’égard des travailleuses m’a impressionnée. En racontant l’histoire d’une femme victime d’abus sexuels, il avait les larmes aux yeux. « C’est très dur, très dur » nous a-t-il répété à plusieurs reprises. Et pourtant, la situation s’est déjà améliorée. Il y a la Loi 2450 qui les concerne spécifiquement, 12 000 membres répartis dans 17 syndicats et même une journée nationale annuelle qui leur est consacrée.

Les témoignages des 3 travailleuses présentes ont clairement démontré l’efficacité de la FENATRAHOB. Félipa peut maintenant regarder son employeur dans les yeux et exiger le respect de ses droits. Zenobia de son côté a eu le bonheur d’avoir un employeur ouvert et compréhensif (oui, il y en a). C’est en prenant connaissance des situations vécues par d’autres travailleuses qu’elle a décidé de s’engager. Maintenant, elle accompagne ses consœurs dans les démarches judiciaires pour faire respecter leurs droits. En effet, la Loi 2450 n’est pas encore appliquée par les services de santé. La FENATRAHOB compte sur la nouvelle constitution pour faire des gains à ce sujet. Quant à Marina, que nous avons brièvement entendue, elle s’exprimait avec une autorité remarquable.

La réalité actuelle des travailleuses domestiques :
elles sont plus de 137 000 en Bolivie;
1 travailleuse sur 10 a un salaire qui couvre seulement ses besoins de base;
dans la majorité des cas, elles doivent renoncer à leur travail lorsqu’elles décident de former une famille;
en moyenne, elles travaillent 9 heures/ jour et plus de 50 heures/semaine;
les jeunes filles sont embauchées dès l'âge de 14 ans et souvent à 9 ans;
elles n’ont pas accès à une assurance médicale ni à une rente de retraite;
elles sont souvent victimes de discrimination en raison de leur origine, leur langue ou leur tenue vestimentaire.

Ce qu’elles réclament :
le droit à une formation générale et technique;
l’application de l’article 24 de la Loi 2450 afin d’avoir accès aux services médicaux;
le droit à la retraite;
le respect des horaires de travail, des journées de congé et des vacances payées;
la reconnaissance de leurs compétences.

Comme enseignante spécialisée dans l’intégration au marché du travail, la situation des travailleuses domestiques de la Bolivie me touche énormément. Je suis très impressionnée par le travail qu’elles ont accompli jusqu’ici. J’ai également confiance qu’avec des femmes comme Félipa, Zénobia et Marina, elles finissent par obtenir la dignité et le respect qu’elles réclament pour leur métier. De mon côté, je serai fière de parler d'elles aux gens du Québec.

Lise

Quand l’autonomie remplace la violence

Une deuxième journée à La Paz nous a permis de rencontrer les gens du CEPROSI ( Centre de promotion et de santé intégrale). Ici, on se préoccupe particulièrement de la santé des femmes et de la violence dont elles sont victimes. Les chiffres à ce propos sont effarants. La très grande majorité des femmes de Bolivie subiraient la violence de la part de leur entourage. Trop souvent, elles considèrent cette situation comme normale. Il y a donc un important travail de conscientisation à effectuer et pour cela, il faut arriver à rejoindre les femmes là où elles sont, dans des quartiers très démunis. C’est justement ce que fait magnifiquement le CEPROSI.

Des centres de service conviviaux

Ils ont commencé par un quartier particulièrement difficile, il y a 20 ans. Ils y ont installé un centre et par la suite se sont intéressés à d'autres secteurs du département de La Paz. Il existe maintenant 13 centres éparpillés dans les quartiers pauvres de La Paz et El Alto.

Nous avons eu le privilège de visiter deux de ces centres. Dans le premier, nous avons trouvé une clinique de santé médicale et d'assistance psychologique, une garderie, un refuge pour les femmes et leurs enfants ainsi qu’un centre de thérapie pour individus, groupes ou familles. Tout cela, dans un même édifice plutôt restreint, divisé en 5 étages et construit à flanc de montagne. Attention à la marche...

Dans le deuxième, nous avons échangé avec des femmes qui le fréquentent. Lorsqu’elles parlent de ce qui les motive, le désir de rencontrer d’autres femmes et de partager leurs difficultés revient souvent. Elles apprécient également les formations en artisanat, et celles sur la violence ou sur leurs droits. Chaque centre a un conseil d’administration élu par les membres et elles travaillent en concertation avec le milieu: les autorités municipales , la police, les services de santé etc. Ils  utilisent d'ailleurs une expression « caminando juntos » qui rend bien l'esprit qui les anime.

L'importance de D&P pour les partenaires

Toute la journée, on nous a répété combien l’appui de D&P est précieux. D&P a été le premier organisme à reconnaître le travail du CEPROSI et même si les montants versés ne sont pas si importants, ils constituent un apport très utile. Comme groupe, nous avons bénéficié de l'estime dont D&P est l'objet. En effet, lors d'une deuxième journée de rencontre, les dirigeants ont organisé une fête interculturelle où nous étions les invités d'honneur. Nous avons eu droit à des danses traditionnelles, des cadeaux, un buffet. On nous a même permis d'essayer les vêtements traditionnels qui nous fascinaient tant: chapeau melon, jupes à plis, châles.

Ces deux journées m'ont à nouveau démontré l'importance de nos gestes d'appui et de solidarité. Tous les organismes ont manifesté le souhait de garder contact et j'ose espérer que nous ne les décevrons pas.

Lise

mercredi 27 janvier 2010

HUANUNI ET ORURO

L’Altiplano, comme une courte pointe



Au Québec, cette tradition artisanale du grand drap qui recouvre les lits vient en partie de nos relations avec les Amérindiens tout comme la ceinture fléchée et la tuque; évidemment, le tout assaisonné des traditions écossaises et irlandaises en matière de tissus. Le tissus fléché était pour les Amérindiens la manière de signer conventions et traités entre peuples, entre nations. Les premières ceintures fléchées de nos ancêtres eurent donc valeur d’ententes signées. L’Altiplano, aussi loin que l’on puisse remonter fut ainsi socialement organisé. Le grand symbole en est le Wiphala,   grande banière carrée divisée comme un damier. Sans nous étendre ici disons qu’on y retrouve les couleurs de l’arc-en-ciel disposées de façon équilibrée et harmonieuse. La structure carrée en damier symbolise l’organisation non hiérarchique des peuples andins alors qu’en général les drapeaux du monde sont rectangulaires et les bandes qui les composent réfèrent à une conception hiérarchique et plus ou moins inégalitaire du monde.



La ville de Oruro est le centre nerveux de cette culture qui atteint son apogée lors du grand Carnaval où pendant des jours des troupes folkloriques de toute la Bolivie viendront présenter la chorégraphie qu’ils auront préparée au cours des mois précédents. Ici le Carnaval a une dimension spirituelle et religieuse. Les traditions millénaires se marient avec la dévotion à la Virgen de Socavon, patronne des mineurs. À notre arrivée, le samedi soir, la place publique devant le sanctuaire est bondée. Il s’agit d’une foire familiale hebdomadaire qui a lieu de la Toussaint jusqu’au début du Carême. De plus, c’est les vacances d’été ici en janvier! Nous sommes hébergés dans les dortoirs attenants au sanctuaire géré par la communauté des Servites de Marie. Maria Louisa et son garçon Arturo âgé de 8 ans s’occuperont de nous et de tout.



Contexte du travail de notre partenaire, le CAEP




Le Centro de Apoyo a la Educacion Popular est situé à Huanuni, ville minière de 40,000 habitants à une heure de route de Oruro. Nous avons pu pénétrer pour quelques heures au coeur de cette culture aujourd’hui plus que jamais confrontée au grand défi de la mondialisation, du développement humain intégral et respectueux de l’environnement dans un milieu où l’extrême pauvreté est très répandue. À cause de l’exploitation minière, la grande région de Oruro a été déclarée zone environnementale sinistrée en novembre 2009. La rivière qui traverse Huanuni est un dépotoir et un égoût à ciel ouvert....



Ici, les gens semblent heureux d’avoir survécu encore un jour, d’avoir pu manger ou travailler. Le travail est dur, même avec des techniques modernes de travail dans la mine que nous avons eu le privilège de visiter. Cette visite nous a menés à 3 kilomètres au coeur de la montagne. L’espérance de vie des mineurs ne dépasse guère les 50 ans, mais les mineurs Boliviens sont extrêmement fiers de leur métier surtout qu’aujourd’hui la richesse générée par la production est redistribuée en grande partie dans les programmes nationaux d’éducation et de santé. Sur un grand crucifix, je vois le Christ crucifié portant le casque des mineurs....

Nous sommes aussi allés dans la campagne. À 5 kilomètres, un petit hameau avec une école d’agriculture. On peut y apprendre une technique simple de culture en serre et d’autres techniques biologiques pour améliorer l’alimentation et la production locale qui se fait jusqu’à plus de 4,500mètres d’altitude Les travaux réalisés ici par les étudiants des dernières années nous impressionnent. Quelques-uns ont pu poursuivre leurs études jusqu’à devenir agronomes ou techniciens.

Ce qui désolent au premier regard, c’est la grande quantité de sacs de plastique et de bouteilles qui jonchent les champs et le rebord de la route et la rivière. Le ramassage des ordures à Huanuni et les alentours est aléatoire, la collecte sélective est encore une lubie pour les riches et les politiciens municipaux ne parviennent pas à s’entendre sur la création d’un site d’enfouissement régional.



Le rôle clé du CAEP

Traditionnellement, campesinos et mineurs syndiqués ont été en conflit. Le CAEP a été un médiateur de premier plan qui a su tirer les marrons du feu. Il a acquis le respect de tous ici. C’est ainsi que nous comprenons le grand privilège que nous a accordé l’ingénieur en chef de la mine de Huanuni en nous faisant visiter la mine. J’ai senti que que lui aussi rêve d’une vie meilleure pour les ouvriers, la ville et toute la Bolivie et qu’il compte localement sur le CAEP pour permettre aux nouvelles générations de relever eux-mêmes les défis communautaires et environnementaux auxquels la population est confrontée.

La paix et l’harmonie sociale ont beaucoup progressé ces dernières années et quelques chantiers de développement durable sont commencés. Les enfants ont accès à des ateliers de rattrapage scolaire, l’édifice abrite la seule bibliothèque de la ville. Il y a aussi une salle d’informatique. Beaucoup de femmes vivent des situations difficiles et elles trouvent de l’aide et de l’amitié au centre. Le CAEP, c’est aussi une radio communautaire. L’animateur des nouvelles du midi a profité de notre passage à Huanuni pour interviewer quelques membres du groupe. La journée s’est terminée par une séance avec toute l’équipe du centre. Un immense merci à Sr Maria Theresa Peral, directrice, pour tout le soin apporté à la planification de tous les détails de notre visite..


C’est à José que revient la dernière phrase. Voici ce qu’il a spontanément dit sur les ondes de Radio Horizontes (traduction libre):« Face à un avenir sombre et apparemment sans issue, le CAEP est comme cette équipe de perforateurs qui creuse de nouvelles galeries d’espérance et de joie de vivre au coeur d’une réalité humaine et environnementale très dure».



Fernand






vendredi 22 janvier 2010

....une pause pour Haïti.....La Bolivie a en outre envoyé 200 casques bleus avec des ressources de premières nécessités. Ici aussi la solidarité se manifeste.

samedi 16 janvier 2010

Nos rencontres avec Federation de trabahadores y trabahadoras de Cochabamba (FTTFC)


Rencontre avec Oscar Oliveira
Nous avons été reçus dans le bureau d’Oscar situé dans un édifice ayant une histoire chargée. Autour du même quadrilatère, on retrouve 3 autres édifices d’importance. Ainsi, les administrations nationales, municipales, religieuses et de justice sociale se font face autour du même parc. L’édifice où nous nous trouvons a déjà été occupé par l’armée qui l’a utilisé pour interroger et torturer des prisonniers. Lorsqu’ils l’ont abandonné, on y a retrouvé des murs couverts de sang et des trous indiquant la place des anneaux de contention.



Des rencontres plus heureuses se sont tenues dans ce même lieu. Ainsi, une rencontre avec Che Guévara et d’autres plus récentes avec Évo Morales. Dans la grande salle, on trouve une affiche intitulée « Les règles du jeu ». En la lisant, plusieurs d’entre nous se sont dits que ces règles seraient très utiles dans bien des rencontres de D&P.
Concernant l’histoire du FTTFC, je retiens le leadership qu’il a exercé dans la guerre de l’eau. Dans les formations qu’il offre aux travailleurs mais également à toute la population, le FTTFC se concentre principalement sur la lutte à la peur qui empêche trop souvent les personnes d’affirmer et de revendiquer leurs droits.



Visites industrielles et rencontre avec des représentants syndicaux
Fabrication de vêtements raffinés pour dames. Les ateliers Asarti.
La première entreprise visitée semble entretenir une relation de collaboration avec le syndicat. Les leaders syndicaux qui nous accompagnaient ont participé à la visite. Sur les murs, on trouve une multitude d’affiches syndicales. Les travailleurs semblent confortables dans leur travail même s’ils n’ont que 15 minutes de pause pour une journée de 8 heures de travail. Il semble également qu’il s’agisse d’un type de gestion participative et que le patron encourage les travailleurs à participer aux formations de l’École du 1er mai. Les femmes travaillent 7 heures règlementaires au lieu de 8.
Manaco, une division de Bata Canada
Cette grosse fabrique de chaussures que nous avons visitée a une relation plus distante avec le syndicat. Ils ont tout de même accepté d’accueillir un groupe introduit par celui-ci. Après la visite, nous avons rencontré les représentants syndicaux de l’entreprise. Leurs principales préoccupations se situent au niveau de la sécurité et du respect des lois pas seulement pour eux mais aussi pour toutes les personnes qui travaillent en Bolivie.
Rencontre avec un comité de l’eau

Pour la première fois depuis notre arrivée, nous sommes sortis de la ville pour nous diriger vers les quartiers plus en hauteur et plus démunis. Pendant la saison des pluies plusieurs maisons s’affaissent faute de bonnes fondations ou de drains suffisants. Ici, pas d’asphalte, pas d’électricité et peu d’eau. Les gens paient très cher pour s’approvisionner une fois par semaine. Et cette eau n’est pas potable. Le comité a recommandé aux habitants de se procurer un gros réservoir plus sécuritaire que les barils qu’ils utilisent pour garder leur eau. Mais ce réservoir coûte l’équivalent de deux mois de travail ,ce que peu de gens peuvent se permettre.

La ville s’est occupée de faire des bordures de rues et a indiqué aux gens du quartier que les budgets disponibles étaient écoulés pour 10 ans. Mais ils ont bien l’intention de revenir à la charge et d’envahir le conseil municipal pour améliorer leurs conditions de vie.







La Escuela de Agua (L'École de l'Eau)




Nous voici partis pour une banlieue de Cochabamba du nom de Cliza. À 5 km de cette municipalité se trouve un petit village où la Escuela de Agua est en construction. Nos guides nous expliquent qu’ici les gens ont le souci de travailler en accord avec la nature pour que celle-ci leur permette de subvenir à leurs besoins. Ainsi, ils sont à l’écoute de la température, de la terre, des eaux, de la végétation et des personnes.


Le bâtiment qui abritera la Escuela de Agua est fait de briques d’« adobe ». Nous avons vu comment ce matériau est fabriqué avec de la glaise, de la paille et de l’eau. Les briques d’adobe ne causent aucun tort à l’environnement et sont en accord avec la majorité des constructions environnantes.

La Escuela de Agua sera un lieu de rencontres intergénérationnelles, intercommunautaires et international. Il s’y fera des échanges sur les expériences et les méthodes utilisées dans la gestion de l’eau. La première rencontre internationale doit se tenir en avril.
Juste à côté de l'école, nous avons vu le puits du village qui subvient aux besoins domestiques et d’irrigation de cette communauté de 1300 personnes. Le puits est géré par un comité qui a préséance sur les syndicats de propriétaires car l’eau est un bien collectif.













Enfin, nous avons eu le bonheur de visiter ce que j’appellerai une buvette de chicha, tenue par une famille qui la fabrique et la vend. Nous avons constaté qu’il y en a plusieurs dans ce petit village. La chicha est une boisson traditionnelle à base de maìs et elle est très prisée en Bolivie. On la trouve avec ou sans alcool. Lors de notre visite, nous avons été accueillis par les enfants de la famille. La deuxième des aînées m’a paru particulièrement délurée. Tous les enfants nous observaient avec beaucoup d’intérêt et de respect. Lorsque José a payé la chich à la jeune fille, il a ajouté un pourboire et lui a demandé ce qu’elle en ferait. Spontanément, elle a répondu qu’elle l’utiliserait pour l’école. Une future leader, peut-être…

 Lise