Au terme d’une première journée, La Paz m’apparaît comme une ville étonnante, un mélange de colonialisme espagnol, de nationalisme, de traditions Incas, de cultures indigènes et de multiculturalisme. Une ville tout à fait fascinante et bien plus agréable que je ne l’imaginais. Toutefois, je ne l’ai pas vraiment visitée et j’aurais sans doute besoin de plusieurs jours pour le faire.
Un après-midi avec la FENATRAHOB (Fédération nationale des travailleuses domestiques de Bolivie)
Dans une petite ruelle, derrière une porte anonyme cadenassée, nous avons été reçus par 4 personnes de la FENATRAHOB. La fédération nationale de travailleuses domestiques regroupe les syndicats de plusieurs villes de Bolivie. Il y avait là 3 travailleuses devenues intervenantes de l’organisme ainsi qu’Heberth, un éducateur qui donne de la formation aux membres.
Ce dernier nous a décrit l’association, son histoire, son fonctionnement, ses membres. La sensibilité qu’il manifeste à l’égard des travailleuses m’a impressionnée. En racontant l’histoire d’une femme victime d’abus sexuels, il avait les larmes aux yeux. « C’est très dur, très dur » nous a-t-il répété à plusieurs reprises. Et pourtant, la situation s’est déjà améliorée. Il y a la Loi 2450 qui les concerne spécifiquement, 12 000 membres répartis dans 17 syndicats et même une journée nationale annuelle qui leur est consacrée.
Les témoignages des 3 travailleuses présentes ont clairement démontré l’efficacité de la FENATRAHOB. Félipa peut maintenant regarder son employeur dans les yeux et exiger le respect de ses droits. Zenobia de son côté a eu le bonheur d’avoir un employeur ouvert et compréhensif (oui, il y en a). C’est en prenant connaissance des situations vécues par d’autres travailleuses qu’elle a décidé de s’engager. Maintenant, elle accompagne ses consœurs dans les démarches judiciaires pour faire respecter leurs droits. En effet, la Loi 2450 n’est pas encore appliquée par les services de santé. La FENATRAHOB compte sur la nouvelle constitution pour faire des gains à ce sujet. Quant à Marina, que nous avons brièvement entendue, elle s’exprimait avec une autorité remarquable.
La réalité actuelle des travailleuses domestiques :
elles sont plus de 137 000 en Bolivie;
1 travailleuse sur 10 a un salaire qui couvre seulement ses besoins de base;
dans la majorité des cas, elles doivent renoncer à leur travail lorsqu’elles décident de former une famille;
en moyenne, elles travaillent 9 heures/ jour et plus de 50 heures/semaine;
les jeunes filles sont embauchées dès l'âge de 14 ans et souvent à 9 ans;
elles n’ont pas accès à une assurance médicale ni à une rente de retraite;
elles sont souvent victimes de discrimination en raison de leur origine, leur langue ou leur tenue vestimentaire.
Ce qu’elles réclament :
le droit à une formation générale et technique;
l’application de l’article 24 de la Loi 2450 afin d’avoir accès aux services médicaux;
le droit à la retraite;
le respect des horaires de travail, des journées de congé et des vacances payées;
la reconnaissance de leurs compétences.
Comme enseignante spécialisée dans l’intégration au marché du travail, la situation des travailleuses domestiques de la Bolivie me touche énormément. Je suis très impressionnée par le travail qu’elles ont accompli jusqu’ici. J’ai également confiance qu’avec des femmes comme Félipa, Zénobia et Marina, elles finissent par obtenir la dignité et le respect qu’elles réclament pour leur métier. De mon côté, je serai fière de parler d'elles aux gens du Québec.
Lise
dimanche 31 janvier 2010
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