mardi 9 février 2010


Rencontre d’amis de Oscar Oliveira.
Potosi
22 et 23 janvier 2010

Après notre séjour à Sucre où la température fut aussi belle et agréable que les gens que nous avons rencontrés, nous revoici à plus de 4000 mètres dans la fraîcheur de Potosi, ville minière emblématique de la Bolivie. Si les Espagnols n’ont pas trouvé autant d’or qu’ils l’escomptaient en conquérant l’Amérique du Sud, le gisement d’argent exceptionnel de Potosi les a vite consolés! Après près de 500 ans d’exploitation, la montagne donne encore...au risque de s’effondrer d’ici une ou deux décennies. Quelques-uns se sont enrichis, mais encore aujourd’hui la grande majorité de la population vit simplement et pauvrement. Le Cerro Rico domine la ville avec ses 5000 mètres. Au petit matin, la montagne est complètement givrée. En cette nuit claire de l’été austral bolivien le mercure est descendu sous les -10 C là-haut. Comme Sucre, la vieille ville fait partie de la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous avons arpenté plusieurs de ses vieilles rues étroites. Le décor est remarquable par son architecture baroque-métisse-rococo. La forte présence autochtone est palpable partout.

Au départ, il était prévu que le groupe passerait brièvement à Potosi et qu’après un séjour de 2 jours à Sucre, une partie du groupe se rendrait au fameux Salar de Uyuni alors que les autres profiteraient d’une pause à Oruro avant d’entamer la dernière étape du stage. Les problèmes intestinaux des uns et d’adaptation à l’altitude des autres nous ont obligés à faire des choix et des changements. Ceci nous a permis d’expérimenter la qualité et la profondeur du réseau social de Développement et Paix et ses partenaires.

Oscar Oliviera, notre contact de la FTTFC à Cochabamba, nous a mis en relation avec son ami William R. Cervantes Beltran, gérant général de l’entreprise publique de gestion de l’eau à Potosi, la AAPOS. Ce dernier et des membres du personnel nous ont consacré leur congé du samedi 23 pour nous dresser un portrait très intéressant des enjeux de la gestion de l’eau potable et du potentiel d’avenir de la ville. Nos hôtes ont d’abord présenter le modèle original de gestion de l’entreprse AAPOS qui intègre tous les secteurs de l’administration publique et de la société civile. Ensuite, ils nous ont amené encore plus haut en altitude à la lagune principale, la laguna Chalviri. qui sert aujourd’hui pour l’approvisionnement en eau potable après avoir longtemps servi au traitement du minerai extrait. Beau retournement de l’histoire puisque ce réservoir artificiel est un héritage de l’époque coloniale et fut construit par des indigènes réduits à l’esclavage. Il est situé à plus de 4700 mètres aux alentours du Cerro Rico. Aujourd’hui, la ville de Potosi peut compter sur 8 de ces lagunes pour assurer son approvisionnement en eau potable d’excellente qualité (c’est le seul endroit où j’ai bu de l’eau du robinet en Bolivie, et ce à l’invitation de nos amis de la AAPOS). Plus de 98% de la population est desservie et ce, à un coût minimal basé sur la capacité réelle de payer des familles, commerces et industries.

Aux abords de la lagune et par un heureux hasard, nous avons croisé un groupe d’enfants venus en excursion avec la permission de la ville. Ils étaient accompagnés de parents et d’une animatrice bénévole. Le directeur de la AAPOS en a profité pour leur adresser brièvement la parole. Il leur a expliqué que l’eau est ce qu’il y a de plus précieux dans leur vie. Sans la lagune qui s’étend aux creux des montagnes, la ville de Potosi ne pourrait pas exister. Moment émouvant. À choisir entre la «montagne d’argent» qui a fait jadis la splendeur de Potosi et l’eau des lagunes, le directeur de la AAPOS répond sans la moindre hésitation: «Agua». L’eau potable vaut plus que tout l’or du monde! Ensuite, il leur a confié la responsabilité de cette eau pour le futur, les invitant à sensibiliser leurs pères et mères à sa valeur et à apprendre avec eux à l’utiliser consciencieusement. Il me vient à l’esprit la merveilleuse chanson de Gilles Vigneault «J’ai pour toi un lac»....quelque part au monde, un beau lac tout bleu comme un oeil ouvert sur la nuit profonde, un cristal frileux....

Au retour, un bon repas dans un restaurant-musée. Nous mangeons dans un bâtiment rempli d’histoire, un des plus anciens moulins de traitement primaire du minerai d’argent. Jadis l’eau de la lagune aboutissait ici. Un petit tour de ville et une visite de La Casa de la Moneda, où à l’époque plusieurs monnaies d’Europe furent frappées, ont conclu cette journée. Oui, il y a encore des choses qui n’ont pas d’autre prix que la valeur quasi infinie d’une amitié. En Bolivie, c’est ce que j’ai trouvé a menudo.

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