jeudi 14 janvier 2010

Bolivia, diez de enero 2,010

SANTA CRUZ DE LA SIERRA


UN APERÇU GÉNÉRAL

Santa Cruz est la capitale de l’Oriente, de la «Bolivie camba» qualificatif des gens implantés de longue date dans la région. La ville est en plein boom économique, les chantiers y sont partout marqués par l’esprit d’entreprise et la débrouillardise et avouons-le une certaine anarchie dans le développement. La ville s’étend dans une plaine sans relief comme une toile d’araignée avec des arrondissements concentriques (anillos) délimités par de grands boulevards urbains périphériques; le tout traversé par de larges avenues partant du centre historique vers les banlieues au-delà du quartero anillo. Sans guide, c’est un labyrinthe où l’étranger peut vite se perdre. Des minibus (micros) et des movils (taxis) parcourent la ville sans arrêt et dans tous les sens.


À part la végétation tropicale, ma vision idyllique s’arrête là. Au fil des heures, c’est plutôt la segmentation sociale qui devient évidente. Il y a bien sûr l’extrême écart de richesses entre les uns et les autres, mais ici s’ajoute le fait que dans chaque anillo les barrios deviennent souvent des ghettos riches et bien pourvus ou des ilôts pauvres et quasi démunis de tout service public.


DES OBSERVATIONS QUI QUESTIONNENT

Déambuler sur les trottoirs m’a impressionné: aucune harmonie ou uniformité dans les dimensions, les matériaux et le design d’une devanture de maison ou de commerce à l’autre. Il en manque des bouts ici et là. Qu’est-ce qui manque à cette ville et ses citoyens pour que les trottoirs fassent partie du «bien commun» pour que la vie piétonnière soit plus agréable? Chacun, sur la planète peut se poser cette question sur bien des sujets d’intérêt public...


Dans le Gran Chaco environnant, on retrouve aussi des formes de particularismes, cette fois communautaires, d’un peuple indigène à l’autre. La colonisation occidentale semble vouer tous ceux-ci soit à l’assimilation, soit à l’extinction suite à la répression, la non reconnaissance et l’appauvrissement extrême et pour finir à la mort. Choisir d’oublier ou retrouver ses racines historiques malgré la douleur?



Passons tout de suite aux bonnes nouvelles, grâce à la présence d’un partenaire de Développement et Paix en Bolivie, le Alas, qui est apparu dans ce paysage dramatique comme une aile d’ange, une douceur quasi palpable qui sait pénétrer au coeur de la souffrance des personnes et des communautés pour en préserver la vie d’abord et ensuite pour en favoriser l’épanouissement vers un mieux-être et un mieux vivre. Alas est un bel acronyme ( asesoria legal y assistencia social). Des ailes, ils en ont besoin pour vaincre l’isolement des communautés.



QUELQUES RENCONTRES PRIVILÉGIÉES

Et ils nous ont guidé de façon quasi magique. Nous nous sommes laissés conduire par Hugo (un vrai «camba», un camba d’exception cependant) et son équipe engagée à fond dans le changement social et la lutte pacifique contre toutes les formes de violence. Dès la première rencontre dans leur hangar-bureau très dépouillé, la délégation d’une communauté venue des limites de l’amazonie bolivienne se présente pour un atelier de formation en vue d’assurer la tenue des prochaines élections régionales et municipales dans les meilleures conditions possibles et le respect de tous. Deux jours de bus que ces gens se sont tapés pour une formation d’une ou deux heures dans la grande ville! Il faut y croire à la démocratie participative... Parfois, c’est le Alas qui se rend sur place.


Nous avons aussi eu le grand privilège de rendre visite aux permanences des organisations de groupes indigènes de l’Oriente à Santa Cruz. Nous avons assisté à une réunion de la CANOB. Alors là, on sait aller à l’essentiel de manière méthodique, simple et disciplinée. Moi qui agit régulièrement à titre de secrétaire dans mon milieu social, je m’assoie près du secrétaire...Je jette un oeil: procès-verbal de la dernière réunion...questions, arguments présentés, libellé du consensus ou report si la réflexion est inachevée. Le tout en une page. À la fin de cette réunion d’une heure, les notes du secrétaire entrent encore dans une page et l’écriture est aérée! Cours de simplicité...


Le Alas a entre autres défis celui de faire travailler ensemble ces divers groupes pour qu’ils définissent eux-mêmes ce qui constitue leur «bien commun» tout en respectant les différences. Ces gens ont été dénigrés à l’extrême, réduits à l’esclavage, mutilés ou tués et ils le furent encore dans les dernières années. Mais grâce au Alas, ils ont su prouver leur valeur humaine au gouvernement bolivien et récupérer la propriété communautaire de plus d’un million d’hectares...je termine avec cette anecdote que nous a raconté Hugo:


Le Alas accompagne une délégation des peuples en questions à une rencontre officielle avec le président (nous sommes avant 2005) et quelques ministres pour présenter leur revendications de façon très détaillée, inventaires de la faune et de la flore et cartes à l’appui. De son côté, l’état dispose normalement des meilleurs documents produits par les universitaires et des cartes de l’armée, réputées les meilleures Le président se rend vite compte que les cartes indigènes sont beaucoup plus précises et même à l’avantage de la Bolivie concernant plusieurs contentieux territoriaux avec le Brésil... Il regarde le général d’un oeil inquisiteur. Celui-ci se contente de répondre : «Évidemment...senor presidente»


En quittant ce partenaire après 3 journées très intenses, que dire de la valeur de nos liens financiers et désormais fraternels avec ces hommes et ces femmes. Je réponds comme le général...Évidemment!

Hasta luego amigos y amigos


Fernand

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