dimanche 31 janvier 2010
FENATRAHOB : LE TRAVAIL DOMESTIQUE N'EST PAS DE L'ESCLAVAGE.
Le Moyen-Âge au secours des esclavagistes modernes
Cependant, ce qui m'a frappé, au propre comme au figuré, c'est que certains grands bourgeois blancs de Bolivie justifient leurs comportements esclavagistes en interprétant faussement une bulle papale qui, selon eux, décrétait que les indigènes des « nouveaux mondes » n'avaient pas d'âme.
Quand Heberth a soulevé cet exemple, j'ai failli m'étouffer avec mon thé de coca (par ailleurs excellent). Héberlué, je lui ai demandé : « ¿Ahora? » (Au moment ou on se parle?) Et il m'a répondu par un oui triste.
C'est vraiment n'importe quoi et on voit clairement que les pires comportements peuvent être justifiés par des raisonnements parfaitement tordus et d'un autre âge.
Racisme, quand tu nous tiens...
La situation des membres du FENATRAHOB s'explique en partie par le fait qu'elles sont indigènes, soit Aymara, Guarani, Quechua ou autre. La plupart son analphabètes, viennent de petits villages souvent très éloignés de leur lieu de travail et, par définition, travaillent de façon isolée. Certaines demeurent chez leur patron (plus courant dans l'Est du pays – le département de Santa Cruz pas exemple) ou ont leur propre logement qu'elles rejoignent après des journées d'une quinzaine d'heures.
L'avenir
Actuellement, les membres du FENATRAHOB n'ont pas le droit de grève puisque la loi juge leurs services comme étant « essentiels ». Non mais, vous voyez l'ironie :les tabliers blancs constituent un rouage essentiel de l'économie, mais on touche à rien. D'ailleurs, Heberth soulignait, sourire en coin, qu'une grève d'une seule journée paralyserait le pays entier. La FENATRAHOB espère donc pouvoir corriger cette situation grâce à la nouvelle constitution adoptée depuis peu par le gouvernement d'Evo Morales.
Cependant, la priorité demeure l'éducation des membres et le recrutement. L'action de personnes comme Zenobia est cruciale. Comme le soulignait Lise, ses patrons se sont montrés très sensible à la cause de la Fédération et ont appuyés Zenobia dans son action syndicale. Elle est maintenant à temps plein à la Fédération. Le soutien d'organisations comme Développement et Paix est essentiel au maintien et la la croissance d'organisations comme la FENATRAHOB. Ce soutien doit être matériel, mais il doit surtout être moral et « vocal ». Ce qui fait souvent la force des ces organismes, c'est que nous leur procurons des yeux, des oreilles et une voix en dehors de leurs frontières. Ceci leur donne un poids et une légitimité difficile, voire impossible, à obtenir au sein de leur propre pays.
Richard
Des femmes de service inspirantes
Un après-midi avec la FENATRAHOB (Fédération nationale des travailleuses domestiques de Bolivie)
Dans une petite ruelle, derrière une porte anonyme cadenassée, nous avons été reçus par 4 personnes de la FENATRAHOB. La fédération nationale de travailleuses domestiques regroupe les syndicats de plusieurs villes de Bolivie. Il y avait là 3 travailleuses devenues intervenantes de l’organisme ainsi qu’Heberth, un éducateur qui donne de la formation aux membres.
Ce dernier nous a décrit l’association, son histoire, son fonctionnement, ses membres. La sensibilité qu’il manifeste à l’égard des travailleuses m’a impressionnée. En racontant l’histoire d’une femme victime d’abus sexuels, il avait les larmes aux yeux. « C’est très dur, très dur » nous a-t-il répété à plusieurs reprises. Et pourtant, la situation s’est déjà améliorée. Il y a la Loi 2450 qui les concerne spécifiquement, 12 000 membres répartis dans 17 syndicats et même une journée nationale annuelle qui leur est consacrée.
Les témoignages des 3 travailleuses présentes ont clairement démontré l’efficacité de la FENATRAHOB. Félipa peut maintenant regarder son employeur dans les yeux et exiger le respect de ses droits. Zenobia de son côté a eu le bonheur d’avoir un employeur ouvert et compréhensif (oui, il y en a). C’est en prenant connaissance des situations vécues par d’autres travailleuses qu’elle a décidé de s’engager. Maintenant, elle accompagne ses consœurs dans les démarches judiciaires pour faire respecter leurs droits. En effet, la Loi 2450 n’est pas encore appliquée par les services de santé. La FENATRAHOB compte sur la nouvelle constitution pour faire des gains à ce sujet. Quant à Marina, que nous avons brièvement entendue, elle s’exprimait avec une autorité remarquable.
La réalité actuelle des travailleuses domestiques :
elles sont plus de 137 000 en Bolivie;
1 travailleuse sur 10 a un salaire qui couvre seulement ses besoins de base;
dans la majorité des cas, elles doivent renoncer à leur travail lorsqu’elles décident de former une famille;
en moyenne, elles travaillent 9 heures/ jour et plus de 50 heures/semaine;
les jeunes filles sont embauchées dès l'âge de 14 ans et souvent à 9 ans;
elles n’ont pas accès à une assurance médicale ni à une rente de retraite;
elles sont souvent victimes de discrimination en raison de leur origine, leur langue ou leur tenue vestimentaire.
Ce qu’elles réclament :
le droit à une formation générale et technique;
l’application de l’article 24 de la Loi 2450 afin d’avoir accès aux services médicaux;
le droit à la retraite;
le respect des horaires de travail, des journées de congé et des vacances payées;
la reconnaissance de leurs compétences.
Comme enseignante spécialisée dans l’intégration au marché du travail, la situation des travailleuses domestiques de la Bolivie me touche énormément. Je suis très impressionnée par le travail qu’elles ont accompli jusqu’ici. J’ai également confiance qu’avec des femmes comme Félipa, Zénobia et Marina, elles finissent par obtenir la dignité et le respect qu’elles réclament pour leur métier. De mon côté, je serai fière de parler d'elles aux gens du Québec.
Lise
Quand l’autonomie remplace la violence
mercredi 27 janvier 2010
HUANUNI ET ORURO
C’est à José que revient la dernière phrase. Voici ce qu’il a spontanément dit sur les ondes de Radio Horizontes (traduction libre):« Face à un avenir sombre et apparemment sans issue, le CAEP est comme cette équipe de perforateurs qui creuse de nouvelles galeries d’espérance et de joie de vivre au coeur d’une réalité humaine et environnementale très dure».
vendredi 22 janvier 2010
samedi 16 janvier 2010
Pour la première fois depuis notre arrivée, nous sommes sortis de la ville pour nous diriger vers les quartiers plus en hauteur et plus démunis. Pendant la saison des pluies plusieurs maisons s’affaissent faute de bonnes fondations ou de drains suffisants. Ici, pas d’asphalte, pas d’électricité et peu d’eau. Les gens paient très cher pour s’approvisionner une fois par semaine. Et cette eau n’est pas potable. Le comité a recommandé aux habitants de se procurer un gros réservoir plus sécuritaire que les barils qu’ils utilisent pour garder leur eau. Mais ce réservoir coûte l’équivalent de deux mois de travail ,ce que peu de gens peuvent se permettre.
Le bâtiment qui abritera la Escuela de Agua est fait de briques d’« adobe ». Nous avons vu comment ce matériau est fabriqué avec de la glaise, de la paille et de l’eau. Les briques d’adobe ne causent aucun tort à l’environnement et sont en accord avec la majorité des constructions environnantes.
Enfin, nous avons eu le bonheur de visiter ce que j’appellerai une buvette de chicha, tenue par une famille qui la fabrique et la vend. Nous avons constaté qu’il y en a plusieurs dans ce petit village. La chicha est une boisson traditionnelle à base de maìs et elle est très prisée en Bolivie. On la trouve avec ou sans alcool. Lors de notre visite, nous avons été accueillis par les enfants de la famille. La deuxième des aînées m’a paru particulièrement délurée. Tous les enfants nous observaient avec beaucoup d’intérêt et de respect. Lorsque José a payé la chich à la jeune fille, il a ajouté un pourboire et lui a demandé ce qu’elle en ferait. Spontanément, elle a répondu qu’elle l’utiliserait pour l’école. Une future leader, peut-être…
Lise
On réussit assez bien à mobiliser la population autour d’enjeux fondamentaux voire vitaux. L’évènement déclencheur de cette nouvelle mobilisation pour la vie prend sa source dans la grande crise de l’eau qu’a vécue la Bolivie en 2000 quand la gestion et la distribution de l’eau potable furent confiées à une entreprise multinationale privée. Les conséquences furent désastreuses pour tout le monde bien nantis et sans-abris! Oscar Oliviera a réussi à réunir toute la population autour d’un même vision: l’eau ne se vend pas, c’est un bien commun auquel tous et toutes doivent avoir accès et la gestion doit en être publique, transparente et sans but lucratif. Le gouvernement, après avoir tenté de réprimer violemment cette opposition,( il y eut des morts de civils hommes, femmes et enfants manifestant pacifiquement et sans arme), s’est rendu à l’évidence et a reculé. Après dix ans, le travail pour assurer la distribution et l’approvisionnement en eau potable à tous les citoyens est loin d’être achevé. La Bolivie est un pays très pauvre rappelons-le qui n’a pas les moyens d’emprunter autant qu’il le voudrait pour financer des infrastructures de base comme chez-nous...
jeudi 14 janvier 2010
Premières impressions
La douane les doigts dans le nez
J'ai dit à certains que la douane (américaine) pouvait être (très) emmerdante. Eh bien, combien me trompais-je. Tant la douane canadienne qu'américaine s'est montrée aimable et même souriante! Les contrôles et les fouilles (non, pas corporelles ;-) ) se sont faits de façon correctes et on prenant le temps de nous expliquer certaines choses. Ça commence bien.
Santa Cruz de la Sierra – les tropiques et la hantise de la sécurité
Santa Cruz de la Sierra est la capitale du département de Santa Cruz, située dans la région amazonienne de la Bolivie ( 437 mètres au-dessus du niveau de la mer). Ville plus ancienne que Québec, mais un peu moins organisée... L'architecture y est, disons, éclectique sinon variée. Les taudis côtoient des maisons bourgeoises de belle prestance et les commerces sont éparpillés un peu n'importe où et n'importe comment.
Le coeur historique comprend de très beaux bâtiments d'inspiration coloniale et la cathédrale est tout à fait impressionnante.
Comme beaucoup de villes au sud du rio Grande, donc des États-Unis, les propriétés sont entourées de murs d'enceinte couverts de barbelés, de verre concassé ou de pointes de métal. Des portes de bois ou de métal donnent accès aux résidences. La sécurité est une grande préoccupation et mêmes les commerces d'une certaine importance ont des gardiens privés qui assurent le bon ordre. De façon générale, ces gardiens sont affables et serviables.
La population (les Cruzenos) est accueillante et n'hésite pas à répondre à nos questions quand on a besoin d'un renseignement.
La température y est chaude (30C le jour et 24C la nuit en moyenne) et humide avec des pluies fréquentes bien que notre séjour fut béni par le beau temps.
Finalement, l'hôtel était bien, sans plus. Propre, personnel très gentil mais petit déjeuner indigent : café instant – beurk – lait chaud, jus, « grill cheese » mince et fade, petits pains, faux beurre et confiture. Trois matins d'affilée... Et pourtant, on a trouvée du bon café à bien des endroits et la nourriture est en général abondante. Mais je vous reviens à ce sujet.
Cochabamba la belle
Située à 2558 m au-dessus du niveau de la mer, Cochabamba est une belles ville, beaucoup plus propre que Santa Cruz. Son architecture y est aussi plus homogène mais y retrouve aussi ces fameux murs. Cependant, nous y avons vu pour la première fois depuis notre séjour des mendiants, pas comme à Berri-Sainte-Catherine, mais quand même.
Cochabamba est une ville en cuvette, le fond étant plus riche que les côtes qui sont beaucoup plus pauvres. D'ailleurs, nous nous y sommes rendus jeudi après-midi et c'est tout un spectacle.
Les Cochabmabinos (c'est beau comme gentilé : enfant de Cochabamba) sont aussi très aimables et très affables. Tout comme à Santa Cruz, nous y avons été reçus en grande.
Le temps y est plus tempéré qu'à Santa Cruz quoique notre première journée se soit passée sous les 30C. Mais mercredi, mère Nature a corrigé le tir et il faisait chaud mais pas trop humide. Quand jeudi, temps frais et pluies intermittentes. Le coupe-vent était le bienvenu.
L'hôtel Regina n'a pas grand chose à voir avez le Dona Alicia : 6 étages, chambres plus modernes avec balcon, près de la belle avenue Prado. En passant, on retrouve sur le terre-plein de l'avenue des érables importés du Canada il y a 40 ans. Ils perdent leurs feuilles un mois par un et c'est reparti pour une nouvelle saison. J'ai cru voir qu'il ne s'agissant pas d'érables à sucre.
Manger en Bolivie
La Bolivie est le paradis des mangeurs de viande! Le boeuf et le poulet sont omniprésents. Pas de porc et un peu de poisson d'eau douce (excellent en passant). Peu de légumes, la patate règne en maître (à l'eau avec la pelure ou frite) avec le riz (servis ensemble), le maïs (en grain ou en épi), le haricot occasionnel et la sempiternelle salade « mexicaine » (tomates fraiches en tranche ou en dés accompagnées d'oignon émincé) et du petit plat de piment fort émincé. Quand je dis fort (et certains savent que ça ne me rebute pas), c'est fort. Il y en a un qui m'a même donné le hoquet quelques minutes.
La soupe accompagne le repas et celles que j'ai goûtées se sont avérées bien bonnes.
On y boit du Coke et du Sprite aux litres, la bière est aussi très bonne et chaque ville proclame que la sienne est la meilleure. Il y a la chicha, une boisson faite de maïs qui peut être alcoolisée ou non, et la limonade, toutes deux bien rafraichissantes.
Pour en revenir à la viande. Il faudra s'y faire car on nous a dit que plus on se déplaçait vers les Andes, plus les légumes se faisaient rares. Alors vive la patate et la viande!
Les partenaires de Développement et Paix
Nous avons passé des moments passionnants avec nos partenaires de ALAS (Santa Cruz) et de la FTTFC (Fédération de travailleurs et travailleuses du secteur manufacturier – Cochabamba. Nous y avons eu des discussions très ouvertes concertant leurs dossiers (droits civils, des autochtones, des travailleurs) et ces organisations accompagnent ou parrainent d'autres organisations ou activités liées à d'autres problématiques (éducation populaire, accès à l'eau potable, etc.)
Il y aurait beaucoup à dire de ces rencontres. Nous en parlerons un peu plus, mais vous pouvez aussi consulter le site de Développement et Paix qui nous consacre une section. (Il peut y avoir un délai de publication étant donnée l'urgence en Haïti)
Richard Lapointe
Lise sur Santa Cruz
Je me sens toutefois privilégiée de l’accueil que nous avons reçu des gens de ALAS. J’apprécie en particulier d’avoir été témoin de la réunion avec les représentants d’un petit peuple indigène de Santa Cruz (Ayoreo). Le lien de confiance que Hugo Salvatierra a su établir avec eux est vraiment remarquable.
La nouvelle constitution que s’est donnée la Bolivie devrait donner du pouvoir à toutes les couches de population qu’ils soient riches, pauvres, indigènes, métis ou femmes. En ce qui concerne ces dernières, leur souci de leur donner du pouvoir ne doit pas avoir son pareil dans bien des pays.
La ville de Cochabamba me plaît énormément avec sa verdure et les montagnes qui l’entourent de toutes parts. J’ai hâte de la connaître un peu plus.
Si je devais résumer mes impressions de la Bolivie jusqu’à maintenant, je dirais que j’ai la sensation d’être en présence d’un peuple en marche.
Lise Gauvreau
Bolivia, diez de enero 2,010
SANTA CRUZ DE LA SIERRA
UN APERÇU GÉNÉRAL
Santa Cruz est la capitale de l’Oriente, de la «Bolivie camba» qualificatif des gens implantés de longue date dans la région. La ville est en plein boom économique, les chantiers y sont partout marqués par l’esprit d’entreprise et la débrouillardise et avouons-le une certaine anarchie dans le développement. La ville s’étend dans une plaine sans relief comme une toile d’araignée avec des arrondissements concentriques (anillos) délimités par de grands boulevards urbains périphériques; le tout traversé par de larges avenues partant du centre historique vers les banlieues au-delà du quartero anillo. Sans guide, c’est un labyrinthe où l’étranger peut vite se perdre. Des minibus (micros) et des movils (taxis) parcourent la ville sans arrêt et dans tous les sens.
À part la végétation tropicale, ma vision idyllique s’arrête là. Au fil des heures, c’est plutôt la segmentation sociale qui devient évidente. Il y a bien sûr l’extrême écart de richesses entre les uns et les autres, mais ici s’ajoute le fait que dans chaque anillo les barrios deviennent souvent des ghettos riches et bien pourvus ou des ilôts pauvres et quasi démunis de tout service public.
DES OBSERVATIONS QUI QUESTIONNENT
Déambuler sur les trottoirs m’a impressionné: aucune harmonie ou uniformité dans les dimensions, les matériaux et le design d’une devanture de maison ou de commerce à l’autre. Il en manque des bouts ici et là. Qu’est-ce qui manque à cette ville et ses citoyens pour que les trottoirs fassent partie du «bien commun» pour que la vie piétonnière soit plus agréable? Chacun, sur la planète peut se poser cette question sur bien des sujets d’intérêt public...
Dans le Gran Chaco environnant, on retrouve aussi des formes de particularismes, cette fois communautaires, d’un peuple indigène à l’autre. La colonisation occidentale semble vouer tous ceux-ci soit à l’assimilation, soit à l’extinction suite à la répression, la non reconnaissance et l’appauvrissement extrême et pour finir à la mort. Choisir d’oublier ou retrouver ses racines historiques malgré la douleur?
Passons tout de suite aux bonnes nouvelles, grâce à la présence d’un partenaire de Développement et Paix en Bolivie, le Alas, qui est apparu dans ce paysage dramatique comme une aile d’ange, une douceur quasi palpable qui sait pénétrer au coeur de la souffrance des personnes et des communautés pour en préserver la vie d’abord et ensuite pour en favoriser l’épanouissement vers un mieux-être et un mieux vivre. Alas est un bel acronyme ( asesoria legal y assistencia social). Des ailes, ils en ont besoin pour vaincre l’isolement des communautés.
QUELQUES RENCONTRES PRIVILÉGIÉES
Et ils nous ont guidé de façon quasi magique. Nous nous sommes laissés conduire par Hugo (un vrai «camba», un camba d’exception cependant) et son équipe engagée à fond dans le changement social et la lutte pacifique contre toutes les formes de violence. Dès la première rencontre dans leur hangar-bureau très dépouillé, la délégation d’une communauté venue des limites de l’amazonie bolivienne se présente pour un atelier de formation en vue d’assurer la tenue des prochaines élections régionales et municipales dans les meilleures conditions possibles et le respect de tous. Deux jours de bus que ces gens se sont tapés pour une formation d’une ou deux heures dans la grande ville! Il faut y croire à la démocratie participative... Parfois, c’est le Alas qui se rend sur place.
Nous avons aussi eu le grand privilège de rendre visite aux permanences des organisations de groupes indigènes de l’Oriente à Santa Cruz. Nous avons assisté à une réunion de la CANOB. Alors là, on sait aller à l’essentiel de manière méthodique, simple et disciplinée. Moi qui agit régulièrement à titre de secrétaire dans mon milieu social, je m’assoie près du secrétaire...Je jette un oeil: procès-verbal de la dernière réunion...questions, arguments présentés, libellé du consensus ou report si la réflexion est inachevée. Le tout en une page. À la fin de cette réunion d’une heure, les notes du secrétaire entrent encore dans une page et l’écriture est aérée! Cours de simplicité...
Le Alas a entre autres défis celui de faire travailler ensemble ces divers groupes pour qu’ils définissent eux-mêmes ce qui constitue leur «bien commun» tout en respectant les différences. Ces gens ont été dénigrés à l’extrême, réduits à l’esclavage, mutilés ou tués et ils le furent encore dans les dernières années. Mais grâce au Alas, ils ont su prouver leur valeur humaine au gouvernement bolivien et récupérer la propriété communautaire de plus d’un million d’hectares...je termine avec cette anecdote que nous a raconté Hugo:
Le Alas accompagne une délégation des peuples en questions à une rencontre officielle avec le président (nous sommes avant 2005) et quelques ministres pour présenter leur revendications de façon très détaillée, inventaires de la faune et de la flore et cartes à l’appui. De son côté, l’état dispose normalement des meilleurs documents produits par les universitaires et des cartes de l’armée, réputées les meilleures Le président se rend vite compte que les cartes indigènes sont beaucoup plus précises et même à l’avantage de la Bolivie concernant plusieurs contentieux territoriaux avec le Brésil... Il regarde le général d’un oeil inquisiteur. Celui-ci se contente de répondre : «Évidemment...senor presidente»
En quittant ce partenaire après 3 journées très intenses, que dire de la valeur de nos liens financiers et désormais fraternels avec ces hommes et ces femmes. Je réponds comme le général...Évidemment!
Hasta luego amigos y amigos
Fernand