samedi 27 février 2010

Tinkuna Kama

"À la prochaine rencontre". C'est l'expression qui termine le petit message écrit par la hermana Maria Teresa Peral, coordonatrice du CAEP. Remarquons dans cette expression le terme tinku. Les premiers éléments suite à une petite visite sur Google semblent insister sur la notion de combat rituel potentiellement mortel. C'est la part spectaculaire, la réduction de la culture au sensationnalisme....

Les humains ont malheureusement beaucoup de difficulté à s'affirmer haut et fort autrement que dans la violence. Les peuples andins ne font pas exception. Pourtant notre hôte et amie de Huanuni utilise le terme tinku dans un message plein d'affection et d'égards.

Tinkuna Kama, cela veut aussi dire continuer à plonger et nager à la rencontre de l'autre pour connaître ce qu'il a dans les tripes, son identité fondamentale. Tinku, c'est la rencontre en profondeur qui exige beaucoup d'énergie comme un combat, un duel. C'est la quête de l'équilibre et de la justice dans une sorte de confrontation créatrice qui veut faire jaillir la vérité aux yeux de tous. Mais qu'est-ce que signifie faire éclater la fraternité universelle? Il faut oublier les bombes et penser à la puissance tranquille, belle et silencieuse d'un arbre en fleur au printemps...

À La Paz avec nos amies et amis des groupes du Ceprosi, notre petite soirée inter-culturelle d'adieu s'est terminée par des danses. (J'aimerais bien voir sur ce blog un lien avec la courte vidéo prise à ce moment) La dernière fut un Tinku bien vigoureux et sympathique...qui a réjouit tout le monde. Transformer le monde par la paix et le développement durable exige beaucoup d'énergie. Nos instincts primaires nous font trop souvent opter pour la guerre et la loi du plus fort. La grande majorité des Boliviennes et Boliviens découvrent actuellement que les humains peuvent faire autrement sans renier leurs traditions. Défi immense pour un pays qui a le championnat des coups d'état (52 depuis 1825) rappelons-le et qui réussit à s'en passer depuis près de 30 ans. Et défi immense pour nous tous. J'ai l'impression d'avoir encore à faire une longue méditation sur le sens de l'immersion inter-culturelle, de la rencontre de l'Autre, du Tinku...que peut bien vouloir signifier "se battre pour la paix et la justice" ? Qu'est-ce que la paix? Ce blog devra ainsi se poursuivre. Tinkuna kama!

Ah oui, la lettre de Soeur Teresa: (elle s'adresse aussi à vous qui lisez...)

Estimados amigos,

Les agradecemos de corazon su visita fraterna a Huanuni. Nos da una gran esperanza que existe gente solidaria que en otras parte del mundo comparte la vida de nuestro pueblo.

Asi es que ni ustedes ni nosotros estamos solos, juntos trabajamos para que siga creciendo la vida, la vida plena para todos.

Muchas gracias por todo. Lo mejor que ustedes nos entregan es su persona y las frutos de su accion son la esperanza y el amor con que la gente sigue adelante.

Nuestros oraciones por cada uno y como dicen en Bolivia ! Tinkuna Kama! (hasta el encuentro).
Con mucho carino
Hna Maria Teresa peral R.
C.A.E.P. Huanuni

mardi 9 février 2010


Rencontre d’amis de Oscar Oliveira.
Potosi
22 et 23 janvier 2010

Après notre séjour à Sucre où la température fut aussi belle et agréable que les gens que nous avons rencontrés, nous revoici à plus de 4000 mètres dans la fraîcheur de Potosi, ville minière emblématique de la Bolivie. Si les Espagnols n’ont pas trouvé autant d’or qu’ils l’escomptaient en conquérant l’Amérique du Sud, le gisement d’argent exceptionnel de Potosi les a vite consolés! Après près de 500 ans d’exploitation, la montagne donne encore...au risque de s’effondrer d’ici une ou deux décennies. Quelques-uns se sont enrichis, mais encore aujourd’hui la grande majorité de la population vit simplement et pauvrement. Le Cerro Rico domine la ville avec ses 5000 mètres. Au petit matin, la montagne est complètement givrée. En cette nuit claire de l’été austral bolivien le mercure est descendu sous les -10 C là-haut. Comme Sucre, la vieille ville fait partie de la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous avons arpenté plusieurs de ses vieilles rues étroites. Le décor est remarquable par son architecture baroque-métisse-rococo. La forte présence autochtone est palpable partout.

Au départ, il était prévu que le groupe passerait brièvement à Potosi et qu’après un séjour de 2 jours à Sucre, une partie du groupe se rendrait au fameux Salar de Uyuni alors que les autres profiteraient d’une pause à Oruro avant d’entamer la dernière étape du stage. Les problèmes intestinaux des uns et d’adaptation à l’altitude des autres nous ont obligés à faire des choix et des changements. Ceci nous a permis d’expérimenter la qualité et la profondeur du réseau social de Développement et Paix et ses partenaires.

Oscar Oliviera, notre contact de la FTTFC à Cochabamba, nous a mis en relation avec son ami William R. Cervantes Beltran, gérant général de l’entreprise publique de gestion de l’eau à Potosi, la AAPOS. Ce dernier et des membres du personnel nous ont consacré leur congé du samedi 23 pour nous dresser un portrait très intéressant des enjeux de la gestion de l’eau potable et du potentiel d’avenir de la ville. Nos hôtes ont d’abord présenter le modèle original de gestion de l’entreprse AAPOS qui intègre tous les secteurs de l’administration publique et de la société civile. Ensuite, ils nous ont amené encore plus haut en altitude à la lagune principale, la laguna Chalviri. qui sert aujourd’hui pour l’approvisionnement en eau potable après avoir longtemps servi au traitement du minerai extrait. Beau retournement de l’histoire puisque ce réservoir artificiel est un héritage de l’époque coloniale et fut construit par des indigènes réduits à l’esclavage. Il est situé à plus de 4700 mètres aux alentours du Cerro Rico. Aujourd’hui, la ville de Potosi peut compter sur 8 de ces lagunes pour assurer son approvisionnement en eau potable d’excellente qualité (c’est le seul endroit où j’ai bu de l’eau du robinet en Bolivie, et ce à l’invitation de nos amis de la AAPOS). Plus de 98% de la population est desservie et ce, à un coût minimal basé sur la capacité réelle de payer des familles, commerces et industries.

Aux abords de la lagune et par un heureux hasard, nous avons croisé un groupe d’enfants venus en excursion avec la permission de la ville. Ils étaient accompagnés de parents et d’une animatrice bénévole. Le directeur de la AAPOS en a profité pour leur adresser brièvement la parole. Il leur a expliqué que l’eau est ce qu’il y a de plus précieux dans leur vie. Sans la lagune qui s’étend aux creux des montagnes, la ville de Potosi ne pourrait pas exister. Moment émouvant. À choisir entre la «montagne d’argent» qui a fait jadis la splendeur de Potosi et l’eau des lagunes, le directeur de la AAPOS répond sans la moindre hésitation: «Agua». L’eau potable vaut plus que tout l’or du monde! Ensuite, il leur a confié la responsabilité de cette eau pour le futur, les invitant à sensibiliser leurs pères et mères à sa valeur et à apprendre avec eux à l’utiliser consciencieusement. Il me vient à l’esprit la merveilleuse chanson de Gilles Vigneault «J’ai pour toi un lac»....quelque part au monde, un beau lac tout bleu comme un oeil ouvert sur la nuit profonde, un cristal frileux....

Au retour, un bon repas dans un restaurant-musée. Nous mangeons dans un bâtiment rempli d’histoire, un des plus anciens moulins de traitement primaire du minerai d’argent. Jadis l’eau de la lagune aboutissait ici. Un petit tour de ville et une visite de La Casa de la Moneda, où à l’époque plusieurs monnaies d’Europe furent frappées, ont conclu cette journée. Oui, il y a encore des choses qui n’ont pas d’autre prix que la valeur quasi infinie d’une amitié. En Bolivie, c’est ce que j’ai trouvé a menudo.

vendredi 5 février 2010

HUANUNI : La mine et ses fronts, le CAEP et ses chantiers

Huanuni, ville minière, se trouve à 40 km au sud-est d’Oruro sur la route vers Sucre.

La plus grande mine d’étain de la Bolivie, propriété de l’État, y est exploitée à l’aide de machinerie de pointe et des méthodes modernes de travail. Les conditions de sécurité personnelle et environnementale sont soigneusement contrôlées par l’ingénieur en chef. Néanmoins, les quelques dizaines de tunnels creusés dans la montagne rendent constamment risquées les 8 heures de travail des 2 700 mineurs répartis en trois quarts de travail.

Les foreurs – une vingtaine - dépensent jusqu’à deux heures de temps dans chaque paroi, enveloppés par la sueur et les vingt cinq décibels émis par la perceuse, une fois réduits par les bouchons d'oreilles.

Les habitants de Huanuni chérissent leurs mineurs qui les font vivre.

Dans un chantier parallèle, au Centro de Apoyao a la Educación Popular (CAEP - Centre d'appui à l'éducation populaire) une cinquantaine de braves gens animés par Srs Maria Teresa, Cristina et Teresa, contribuent à forger l’âme des enfants, des mineurs, des femmes, des jeunes et des aînés de Huanuni.

Pour les enfants, une ludothèque vient renforcer leurs habilités en math, en langue et en danse. Pour les plus vieux, des ateliers de leadership et de valeurs. Les femmes y trouvent un espace de formation en couture, peinture, design et estime de soi. Les jeunes apprennent du théâtre et de la communication et se pratiquent par des séances de diffusion de nouvelles et d'événements sur la place publique. Les aînés se pratiquent en danse, en partage et en cours de quechua.



Le CAEP est à l’esprit des Huanuniens ce que la Mine en est à leurs corps, un moyen qui dépasse la subsistance pour devenir espoir et mode de vie.

José

FLORES RANCHO ET SON RÊVE D’ADOBE

La petite communauté de Flores Rancho est située à quelques 30 km à l’ouest de Cochabamba, sur la route vers Oruro.

Les quelques 1 500 habitants de la localité se sont donnés un Comité pour la gestion et la répartition juste de l’eau parmi les 300 foyers de la communauté.

Entre deux gorgées de "chicha" et une sorte de danse pour mélanger argile et paille, les hommes de Flores Rancho mettent à point la pâte pour la fabrication de briques d’adobe. Animés par la discrète Fondation Avril, leur rêve consiste à raviver les connaissances ancestrales de respect, d'utilisation et de cohabitation durable envers et avec la "Mère-eau".

L’adobe-Juste à côté d’un réservoir d’eau haut de 9 mètres, d’où l’eau est distribuée par le réseau local, nous apprécions un chantier exhibant un 45% d’avance d’une construction qui va abriter sous peu la PREMIÈRE ÉCOLE DE L’EAU en Amérique latine.

L’éveil- Plus qu’un espace physique – déjà admirablement bien conçu – ceux qui ont fait « le rêve de l’école » visent à créer un petit univers pour l’échange d’expériences nationales et internationales basées sur l’harmonie originaire entre la nature et l’homme, sur les nouvelles technologies alternatives en matière d’utilisation de l’eau, dans le but d’accéder à une utilisation communautaire durable et respectueuse de l’environnement.

Un premier fruit est sur le point de venir en maturité. Il s’agit de la PREMIÈRE RENCONTRE internationale sur "l’utilisation de l’eau et le changement climatique", programmée par la Fondation en avril cette année.

Longue Vie à cette École ingénieuse!

José

lundi 1 février 2010

Un premier album

On prend le temps de revenir, de décanter et peu à peu, les choses se mettent en place, incluant la routine. Alors, voici le premier album de notre voyage en Bolivie, la portion Québec - Santa Cruz de la Sierra. D'autres suivront, mais vous devrez patientez un peu...